Les hommes forts québécois - Nos héros

Jos Montferrand

Le coq du Faubourg Saint-Laurent, un icône de la culture populaire (Montréal, 1802 - 1864)

Au 19e siècle, les récits relatant les exploits des hommes forts sont source de fierté chez les Canadiens français. La réputation de certains d’entre eux, qui incarnent les rêves et les ambitions du peuple, devient si importante qu’ils passeront du statut d’homme à celui de héros plus grand que nature. Circulant de bouche-à-oreille à travers forêts, camps, maisons et tavernes, ces récits sont amplifiés, distordus ou exagérés et il peut devenir difficile de déterminer s’ils relèvent de l’histoire ou du mythe.

Joseph Montferrand grandit dans le faubourg Saint-Laurent à Montréal. En 1820, il part s’établir à Kingston en Ontario afin d’exercer le métier de charretier. Trois ans plus tard, il s’engage pour la Compagnie de la Baie d’Hudson qui contrôle alors le commerce des fourrures. Attiré par l’industrie forestière, il part travailler en 1827 dans les forêts de l’Outaouais. Occupant tour à tour les métiers de bûcheron, draveur, contremaître de chantier et guide des cages, il y passera la moitié de sa vie. En 1857, Montferrand prend sa retraite et retourne à Montréal.

L’homme, l’histoire, la légende

Difficile de recenser les présumés exploits de Montferrand tant ils sont nombreux ! Par exemple, on le disait capable de soulever une charrue à bout de bras d’une seule main. Souple et agile, il a laissé sa trace aurait laissé sa trace au plafond de plusieurs tavernes avec son légendaire coup de pied. Mais de tous les exploits qui lui sont attribués, le plus célèbre demeure la bataille sur le pont Union en 1929, aujourd’hui reconnu comme le pont de la Chaudière. Dans un conflit opposant les Irlandais (Shiners) aux Canadiens français, tombé dans une embuscade, il serait parvenu à mettre en déroute 150 Shiners.

Dans le livre Histoire de Montferrand, l’athlète canadien, l’historien Benjamin Sulte résume le combat comme suit :

« Montferrrand fit quelques enjambées rapides pour se rapprocher des agresseurs; l’un d’eux plus exposé tomba aux mains du Canadien qui le saisit par les pieds et s’en fit une massue avec laquelle il coucha par terre le premier rang, puis ramassant ces malheureux comme des poupées, il les lança à droite et à gauche dans les bouillons blancs de la rivière. »

Jos Montferrand laissant son empreinte au plafond d'une taverne avec son légendaire coup de pied, Archives La Presse, 8 juillet 1905, p. 1

Montferrand affronte les Shriners sur le pont Union (aujourd'hui pont de la Chaudière) en 1829, gravure d'Henri Julien, Jos Montefferand par Benjamin Sulte, 1899

Timbre commémoratif à l'effigie de Jos Montferrand, 1992, Postes Canada

Sculpture de Jos Montferrand, le défricheur, sur le chemin de Kiamika, à Kiamika, sculpture de Roger Langevin, 1996

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Chanson Jos Montferrand, interprété par Gilles Vigneault, album éponyme, Columbia, 1962

Louis Cyr

Le phénomène Louis Cyr (Saint-Cyprien-de-Napierville, 1863 – Montréal, 1912)

Louis Cyr est sans contredit la figure de proue du phénomène de force québécois. Héros populaire, symbole de réussite et de fierté chez les Canadiens français, il est le premier homme fort à vraiment s’illustrer à l’international. Au sommet de sa forme, Louis Cyr mesure 5 pi 10 po et demi / 1,79 m et pèse 324 lb / 147 kg.

De retour au bercail après avoir passé une partie de son adolescence à Lowell, au Massachusetts, il fait la rencontre de Gustave Lambert qui devient son mentor et son promoteur. C’est avec lui qu’il amorce sa carrière d’homme fort. Il offre ensuite des prestations de force au Canada, aux États-Unis et en Europe. Multipliant les records, il démontre partout où il passe qu’il est l’homme le plus fort du monde. En 1907, il prend sa retraite après une carrière de 23 ans où il n’a jamais été défait. Il finit par succomber d’une maladie rénale à 49 ans. Pour plusieurs, il demeure toujours l’homme le plus fort de tous les temps.

Portrait de Louis Cyr, début du 20e siècle, photographie Fortin, Chambly, Archives UQAM, Fonds d’archives Louis Cyr, 120P-625:F3/4.4

Portrait de Louis Cyr, son épouse et leur fille, fin du 19e siècle, Archives UQAM, Fonds d’archives Louis Cyr, 120P-035:F3/9

Bronze de Louis Cyr dans le parc des Hommes-Forts dans le sud-ouest de Montréal, oeuvre de Robert Pelletier, 1970

Ses premiers exploits et quelques records

Déjà à 14 ans, Louis Cyr démontre sa force exceptionnelle lorsqu’il parvient à déplacer l’équivalent de 900 lb / 408 kg de grains sur plusieurs mètres. C’est à 19 ans, à Lowell, qu’il réalise son premier exploit public. Devant une foule d’environ 4 000 personnes, il porte une pierre de 517 lb / 235 kg sur une de ses épaules.

Au cours de sa carrière, Louis Cyr établit plus d’une quinzaine de records homologués dont :

· retenir quatre chevaux, totalisant 4800 lb / 2177 kg, pendant près d’une minute (Montréal, 21 septembre 1891);

· faire un développé de 273 lb / 124 kg et un quart du bras droit (Londres, 15 janvier 1892);

· lever 558 lb / 253 kg du majeur droit (Lowell, 7 septembre 1892);

· porter une charge de 4 337 lb / 1967 kg sur son dos pendant plus de 5 secondes (Boston, 27 mai 1895);

· soulever de terre 987 lb / 448 kg d’une seule main (Chicago, 8 mai 1896);

· soulever de terre 1897 lb / 860 kg à deux mains (Chicago, 8 mai 1896);

· effectuer près de 2 000 levés du dos, pour un total d’environ 3 000 tonnes / tons

· soulever environ 2 000 fois des haltères d’un poids supérieur à 240 lb / 109 kg du bras droit;

· retenir plus de 500 fois deux chevaux;

· donner environ 2 500 démonstrations de force en 23 ans de carrière d’homme fort.

Illustration représentant Louis Cyr et son épouse, 1890, Archives UQAM, Fonds Louis-Cyr, 120P-010:F3/3

Louis Cyr maintenant deux chevaux, vers 1908, Archives UQAM, Fonds Louis-Cyr, 120P-625:F3/7

Place au cirque !

Fondateur du tout premier cirque canadien-français, Louis Cyr a révolutionné le monde du spectacle. Vers la fin du 19e siècle, après avoir effectué plusieurs tournées avec de grands cirques américains tel que le John Robinson’s Circus et le Ringling Brothers, il fonde son propre cirque avec son collègue et ami Horace Barré. Constitué d’autres hommes forts mais aussi d’acrobates, de musiciens, d’équilibristes, de contorsionnistes, de magiciens et de jongleurs, le cirque Cyr-Barré circule dans plus de 300 villes et villages du Québec et de l’Ontario. Entre 1899 et 1904, la troupe donna environ 650 représentations, attirant pas moins de 600 000 spectateurs.

Louis Cyr accompagné des membres de sa troupe, vers 1894, photographie La Presse, Archives UQAM, Fonds d’archives Louis Cyr, 120P-625:F3/7

Affiche promotionnelle d'une tournée de spectacle en compagnie de l'homme fort Hector Décarie, vers 1906, collection Musée POP

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Chanson Louis Cyr, interprété par Jean-Pierre Ferland, album Volume 5, Sélect, 1966

Le Grand Antonio

Le Grand Antonio, haut en couleurs (Europe de l’est, 1925 - Montréal, 2003)

Antonio Barichievich, connu sous le nom de Grand Antonio, se fait connaitre en tirant des voitures et des autobus avec ses cheveux. Arrivé au Canada en 1945 en provenance d’Europe de l’est, sa force impressionnante et sa personnalité colorée ont fait sa notoriété. En 1952, il est cité dans le livre Guinness des records pour avoir tiré un train de 433 tonnes sur 19,8 mètres (près de 65 pi). En 1960, il tire quatre autobus remplis de passagers sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. Dans la quarantaine, il se convertit à la lutte, ce qui le fait voyager jusqu’au Japon. À cette époque, le colosse mesure 6 pi 4 po / 1,93 m et pèse 495 lb / 225 kg.

Mais le Grand Antonio n’est pas seulement connu pour ses exploits. Nous avons également pu le voir au cinéma dans le film La guerre du feu de Jean-Jacques Annaud et à la télévision où il participe à plusieurs émissions dont le Ed Sullivan Show.

Montages réalisés par le Grand Antonio, année inconnue, collection privé Sylvain Laquerre

Le Grand Antonio devant le Stade olympique à Montréal, fin des années 1990, collection privée Sylvain Laquerre

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Chanson Antonio, interprété par Mes Aïeux, album La ligne orange, Victoire, 2008

Hugo Girard

Hugo Girard, parcours d'un champion (Sainte-Anne-de-Portneuf, 1971)

Hugo Girard est originaire d'un petit village de la Côte-Nord, Sainte-Anne-de-Portneuf (aujourd'hui Portneuf-sur-Mer), situé entre Les Escoumins et Forestville. C'est à l'adolescence qu'il commença à s'entrainer pour réaliser son rêve: devenir l'homme le plus fort du monde. Mais pour le réaliser, il dû travailler fort à tous les niveaux. Adolescent, il trouva du boulot afin de se payer de l'équipement pour s'entrainer. Déjà à 18 ans, il pesait 300 lb / 136 kg. C'est aussi à cette époque qu'il débuta les compétitions de powerlifting.

Après des études en technique policière, il obtint son diplôme à 21 ans. Puis après son passage à l'École nationale de police du Québec à Nicolet, il quitte pratiquer son métier à Gatineau pendant quelques années.

De 1991 à 1998, il s'entraîna d'arrache-pied pour enfin participer, au Maroc à la fin des années 1990, à son premier championnat mondial d'hommes forts. Aux cours des six années qui suivirent, Hugo Girard remporta tous les championnats canadiens et il fut finaliste de 1998 à 2003 à la compétition: L’homme le plus fort du monde (World's Strongest Man ). Finalement, c’est en 2002 qu'il réalisa enfin son plus grand rêve en remportant le titre de champion du monde de la SuperSérie IFSA.

À partir de 2004, les blessures firent leur apparition. il mit un terme à sa carrière d'homme fort suite à une blessure au genou en 2008. Après quelques compétitions de culturisme, Hugo Girard se lança dans les affaires en devenant propriétaires de boutiques de suppléments et d'un centre d'entraînement, sans oublier ses fonctions de conférencier, d'ambassadeur et d'animateur d'émissions télévisées depuis quelques années.

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